« Pourquoi ai-je moins de désir qu’avant ? »
- Stéphanie Estournet
- 22 juin
- 3 min de lecture
Cette question est l'une des plus fréquemment posées en cabinet de sexo. "On avait toujours envie, me dit une consultante d'une cinquantaine d'années. Et maintenant, on dirait qu'on a toujours mieux à faire." "J'ai du désir mais pour être honnête, j'ai la flemme de m'y mettre", regrette un consultant d'une quarantaine d'années.
Le temps use-t-il invariablement notre désir ? Voyons dans un premier temps les obstacles nous sommes susceptibles de rencontrer dans une relation longue durée. Puis nous verrons quelles sont les approches favorables à un désir partagé qui nous ressemble.

Les freins au désir
Contrairement à une idée reçue, le désir n’est pas une mécanique figée ; il varie selon les périodes de vie, l’état de santé, les hormones, ou encore la qualité de la relation avec son·sa partenaire.
Sur le plan biologique, le désir est influencé par le système hormonal (notamment la testostérone, présente aussi chez les femmes), mais aussi par la dopamine, neurotransmetteur du plaisir et de la motivation. Des facteurs comme la fatigue, le stress ou certains médicaments peuvent également réduire cette dynamique.
Sur le plan psychologique, le désir est intimement lié à la disponibilité mentale. Dans un quotidien marqué par des sollicitations permanentes, l’attention consacrée à la sexualité tend à diminuer. C’est pourquoi on distingue souvent deux formes de désir : le désir « spontané », qui survient de façon soudaine, et le désir « réactif », qui naît plutôt d’une stimulation affective ou sensorielle. Influencé·e·s par les films, les séries, on a tendance à envisager que le désir devrait être là, à tout moment, qu'il devrait surgir et tout emporter. On nourrit alors de la culpabilité de ne plus désirer comme aux premiers jours, éventuellement de la frustration de n'être pas davantage désiré·e.
Retrouver son désir, un investissement qui fait du bien
Retrouver son désir demande d'y penser, d'y investir un peu de temps. Ça parait toujours bizarre à froid - personne n'a envie de se dire "aller, je m'occupe de mon plaisir !", on voudrait que ça aille de soi.
Mais bon, quand vous avez un problème, vous prenez le temps de chercher les solutions, de les mettre en œuvre, pas vrai ? Pourquoi il en irait différemment pour la sexualité?
Plusieurs pistes peuvent aider à retrouver votre désir :
prendre soin de son corps et de son sommeil : énergie et désir sont intimement connectés ;
améliorer la communication dans le couple : exprimer ses besoins, ses limites, mais aussi ce qui procure du plaisir (pas simple, c'est vrai... J'y reviendrai).
Et la bonne nouvelle est (roulements de tambour)...
Le désir, ça se construit, ça s'entretient. Seul·e et à deux.
Dans un premier temps, je conseille de se retrouver avec soi-même, dans son corps, via le sport en conscience, ou la relaxation. L'important est de ressentir son corps. De prêter attention à ses manifestations de plaisir mais aussi à ses limites. Vous pourrez également - ou plus tard, nourrir votre imaginaire sexuel via des rêveries, des lectures et podcasts érotiques.
Ensemble, il est important de se parler, de créer des espaces en dehors de la gestion du quotidien. Ça peut être des sextos (le consentement est bien sûr vérifié même si on est en couple de longue date), ou encore des jeux érotiques.
Consulter un·e. sexologue assure une approche sur mesure, pratique et bienveillante pour retrouver son désir et apprendre à l'entretenir. Que vous consultiez seul·e ou avec votre partenaire, je prends en compte
Mes Sources (en anglais) :
Basson R. (2001). Using a different model for female sexual response to address women’s problematic low sexual desire. Journal of Sex & Marital Therapy, 27(5), 395-403.
Brotto L. A., & Luria M. (2014). Mindfulness-based sex therapy for women with sexual difficulties: A prospective outcome study. Journal of Sex & Marital Therapy, 40(5), 1‑16.
Bancroft J. (2009). Human Sexuality and Its Problems (3rd ed.). Elsevier.
Commentaires